Séminaire 2023-2024 : Littérature
Trois interventions ont eu lieu, dans la salle de réunion, aux dates suivantes :
- samedi 23 décembre 2023 : Villon
« Qui fait la grandeur de la France ? C’est Villon, c’est Rimbaud, c’est Verlaine, c’est Baudelaire. Tout ce joli monde a été mené au dépôt. » (Jean Cocteau, La difficulté d’être). Voici Villon associé à des poètes du XIXe siècle ! Né à Paris en 1431, Villon est banni de cette ville en 1463. On perd ensuite sa trace. Orphelin de père, élevé par un homme d’Église, étudiant parisien, il a connu adulte de mauvais garçons à Paris, puis les coquillards de Dijon, chanté les neiges d’antan, ému des lecteurs de ses poèmes en mettant en scène des pendus condamnés à mort, souhaité pour eux la compassion de Marie et de son fils Jésus. Ses poèmes, dont Le Testament, sorte d’anthologie personnelle, ont été fixés sur divers manuscrits, puis édités, en particulier par Clément Marot. Ils furent oubliés, redécouverts au XIXe siècle, encensés au XXe, chantés par Léo Ferré et Brassens… Au XVe siècle Villon se déclare poète, cite des devanciers illustres, affirme son talent. La postérité l’a adopté : « Villon, notre premier poète moderne, et l’un des plus grands […]. » (Jean Dufournet, « François Villon », Histoire littéraire de la France, tome I, Editions sociales, 1971, p. 317).
- samedi 24 février 2024 : Pascal
Blaise Pascal (1623-1662), apologiste de la religion chrétienne, a bénéficié pour le 400ème anniversaire de sa naissance en 2023 d’une publication intégrale en France, L’Œuvre. Cette publication fait suite à diverses éditions des textes de Pascal, en particulier les Provinciales et les Pensées. Il a connu des détracteurs, mais aussi des laudateurs. « Pieux misanthrope, qui a enseigné aux hommes à se haïr eux-mêmes » (Voltaire). Pascal, « le plus grand des chrétiens » (Nietzsche). Pascal « un grand réveilleur », « à mes yeux le plus grand des Français » (Julien Green). On proposera une lecture fragmentaire de Pascal, centrée sur les passions, l’opinion « reine du monde », la politique.
- samedi 6 juillet 2024 : Colette
Pour l’état-civil : Sidonie-Gabrielle Colette (1873-1954) – née à Saint-Sauveur-en-Puisaye. Fort accent bourguignon, mais point écrivain régionaliste.
Grande lectrice, « nègre » dans l’équipe de Willy, son époux, mime, actrice de music-hall, journaliste, écrivain. Des époux, des amants, des amantes… Avec le temps icône républicaine (première femme à bénéficier de funérailles nationales), longtemps accueillie dans les manuels scolaires… Une femme associée à des lieux: Châtillon-Coligny, Paris, Saint-Tropez, la Bretagne, la Corrèze… Une femme bien peu amène pour les féministes, devenue une figure du féminisme des années plus tard. Une femme célébrant sa mère Sido mais bien peu attentive à celle-ci dans les années précédant sa mort. Un écrivain qui dialogue avec les bêtes, qui célèbre la nature, magnifie le pur et l’impur, accompagne la naissance du jour, saisit le blé en herbe…
Un écrivain qui remplit des pages et des pages dans des cahiers afin de proposer des textes qui illustrent son rapport aux mots et au monde. Un écrivain reconnu par ses pairs qui participe à des manifestations antifascistes, qui se démène pour sauver son troisième mari juif arrêté lors d’une rafle durant les années noires. Un écrivain français qui présida l’Académie Goncourt, éminemment français, traduit dans le monde entier ; une écrivaine qui, revisitant souvent les mêmes thèmes, dit, à force de travail, les plaisirs et la souffrance, les renoncements et la persévérance.